Note pour la période des questions : Hyperandrogénie chez les athlètes féminines
About
- Numéro de référence :
- PCH-2019-QP-0047
- Date fournie :
- 21 nov. 2019
- Organisation :
- Patrimoine canadien
- Nom du ministre :
- Guilbeault, Steven (L’hon.)
- Titre du ministre :
- Ministre du Patrimoine canadien
Enjeu ou question :
Il y a un débat en cours sur l’éligibilité des athlètes féminins ayant des différences de développement sexuel et ayant un taux élevé de testostérone naturel de prendre part aux compétitions en athlétisme sans avoir recours à une thérapie hormonale.
Réponse suggérée :
• Le Gouvernement du Canada croit que tous les athlètes doivent avoir les mêmes occasions de participer dans le sport selon les principes d’inclusion, d’équité, de respect et de santé.
• Nous encourageons la World Athletics à reconsidérer sa réglementation afin de permettre à des athlètes comme Madame Caster Semenya de l’Afrique du sud de prendre part à la compétition sans devoir diminuer son niveau de testostérone naturel.
• Nous attendons avec impatience la décision finale de la Cour suprême Suisse concernant l’appel de Madame Caster Semenya d’annuler cette nouvelle réglementation.
Contexte :
• Le 26 avril 2018, l'Association internationale des fédérations d'athlétisme, maintenant appelé la World Athletics, a publié un nouveau règlement relatif à la classification féminine des athlètes présentant des différences de développement sexuel.
• Sous cette nouvelle réglementation, la détermination de la différence de développement sexuel est établie lorsque le niveau de testostérone naturel de l’athlète est de cinq (5) ou plus nanomoles par litre (nmol/L). Avant cette nouvelle réglementation des taux de 10 nmol/L de testostérone étaient acceptés.
• Le niveau moyen de testostérone chez les femmes, y compris les athlètes féminines, va de 0,12 à 1,79 nmol/L.
• En vertu de ce règlement, une athlète féminine ayant une différence de développement sexuel devra répondre aux conditions suivantes afin d’être éligible à la compétition :
o Elle doit être reconnue légalement en tant que femme ou en tant qu'intersexuel (ou équivalent),
o Elle doit réduire son taux de testostérone sanguin à moins de cinq (5) nmol/L pendant une période continue d'au moins six mois, et
o Elle doit maintenir son taux de testostérone naturel en-dessous de cinq (5) nmol/L de façon continue aussi longtemps qu'elle souhaite rester éligible.
• Le traitement proposé pour réduire le niveau de testostérone est effectué via un complément hormonal similaire à la pilule contraceptive.
• Caster Semenya est atteinte d'une mutation chromosomique appelé 46 XY causant la différence de développement sexuel. Par conséquent, les femmes avec une DDS ont un chromosome X et un chromosome Y, ce qui est généralement le cas chez les hommes. Cela se traduit par des testicules mâles non descendus produisant de la testostérone à des niveaux comparables à ceux observés chez les hommes (de 10 à 35 nmol/L).
• Les athlètes comme Caster Semenya ont par conséquent des taux inhabituellement élevés de testostérone dans le sang (un trouble appelé hyperandrogénie). Ce haut taux de testostérone permet de développer une masse musculaire plus importante, un débit cardiaque plus élevé, un plus grand VO2 max (une mesure de la capacité d'une personne à absorber et à utiliser de l'oxygène) et une capacité anaérobique plus élevée (la quantité totale d'énergie provenant de systèmes énergétiques ne nécessitant pas d'oxygène). Mis ensemble, ces facteurs procurent des avantages physiologiques par rapport aux autres athlètes féminins.
• Caster Semenya a dominé la compétition du 800 mètre à plusieurs Championnats du monde et a remporté deux médailles d’or dans la même distance aux Jeux Olympiques. Cette domination a causé une polémique quant à savoir si elle ou d'autres athlètes avec des différences de développement sexuel devraient être autorisées à prendre part aux compétitions. Le nouveau règlement devait entrer en vigueur le 1er novembre 2018 mais avait été retardé en attendant l'issue d’une procédure devant la Cour internationale d'arbitrage pour le sport entre la World Athletics et Caster Semenya qui at fait appel de ce nouveau règlement.
• Le 1er mai 2019, le Cour internationale d'arbitrage pour le sport rejeta l'appel de Caster Semenya, soutenant ainsi le nouveau règlement de la World Athletics. Le Cour internationale d'arbitrage pour le sport avait déclaré alors que les règles proposées étaient en effet discriminatoires, mais que "cette discrimination est un moyen nécessaire, raisonnable et proportionné de garantir l'intégrité de l’athlétisme féminin et d’assurer une compétition équitable". Le règlement est entré en vigueur le 8 mai 2019.
• Le 29 mai 2019, suite à décision du Cour internationale d'arbitrage pour le sport, Caster Semenya a fait un appel devant la Cour suprême Suisse, basé sur les fondements des droits de l'homme.
• La World Athletics maintient sa position selon laquelle il existe certains contextes dans la société, en particulier dans le sport, où la biologie doit prévaloir sur l’identité des genres. C’est pourquoi qu’elle estime (et le Cour internationale d'arbitrage pour le sport en convient) que le règlement sur la différence de développement sexuel est un moyen nécessaire, raisonnable et proportionné de maintenir une compétition plus juste.
• L'Association canadienne pour l'avancement des femmes dans le sport et le Centre canadien pour l'éthique dans le sport s'opposent à cette nouvelle réglementation. L'Association canadienne pour l'avancement des femmes dans le sport a déclaré que le souci de la World Athletics d'établir une norme de «féminité» est offensant et inapproprié. L’ancienne ministre des Sciences et des Sports a publiquement endossé cette déclaration.
Renseignements supplémentaires :
aucun