Note pour la période des questions : État du revenu agricole en 2023 et en 2024
About
- Numéro de référence :
- AAFC-2024-QP-00151
- Date fournie :
- 7 juin 2024
- Organisation :
- Agriculture et Agroalimentaire Canada
- Nom du ministre :
- MacAulay, Lawrence (L’hon.)
- Titre du ministre :
- Ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire
Enjeu ou question :
Q1 – De nombreux agriculteurs ont enregistré de fortes augmentations des dépenses ces dernières années. Quelles répercussions cela a-t-il eu sur leurs résultats financiers? Q2 - Certains groupes agricoles affirment que leur province ou secteur font face à des défis importants. Comment expliquer cette situation alors qu’AAC fait état de revenus records dans ce secteur ? Q3 – Quelles dépenses ont le plus augmenté ces dernières années? Q4 – Quels ont été les impacts des récents aléas météorologiques et climatiques sur la stabilité économique des agriculteurs en 2023, et quelles sont les perspectives pour 2024 ?
Réponse suggérée :
R.1 - D’une manière générale, malgré l’augmentation considérable des dépenses agricoles en 2021 et 2022, le revenu global est demeuré solide, car les augmentations des prix des cultures et des revenus ont contribué à neutraliser la hausse de prix des intrants.
L’augmentation beaucoup plus modeste des dépenses en 2023 aurait permis de compenser la baisse de prix des cultures et contribuer à atteindre un nouveau record en 2023 au niveau du revenu, car le volume des récoltes commercialisées et les revenus agricoles ont également augmenté. En 2024, les dépenses devraient croître à un rythme inférieur à la moyenne. R.2 - Au cours d’une année donnée, il peut y avoir des variations importantes d’une région ou d’un type d’exploitation à l’autre. De nombreux facteurs peuvent y avoir une incidence, mais ces variations sont souvent attribuables à la différence dans la gamme de production et des conditions de croissance d’une région à l’autre. Selon la direction que prennent les marchés des diverses denrées, la situation financière des agriculteurs de certaines régions peut s’améliorer ou se dégrader, mais ne reflète pas la situation financière agricole de l’ensemble du pays. Il en est de même pour les conditions de croissance, où la sécheresse ou les précipitations excessives peuvent affecter davantage certaines régions que d’autres.
Le gouvernement est conscient qu’en dépit du revenu record rapporté à l’échelle nationale, les agriculteurs ne vivent pas tous la même réalité et que certains d’entre eux peuvent se trouver en difficulté financière. Les programmes de gestion des risques de l’entreprise sont disponibles aux agriculteurs pour les aider à gérer les risques. R.3 - Les dépenses en carburant, engrais et aliments pour animaux ont fortement augmenté en 2021 et 2022, car l’économie s’est remise des difficultés d’approvisionnement liées à la pandémie, de la hausse de l’inflation mondiale et des prix des intrants et, plus tard, de la guerre de la Russie contre l’Ukraine qui a considérablement perturbé les marchés mondiaux des produits de base. Ces dépenses ont diminué en 2023, car l’approvisionnement des marchés mondiaux s’est amélioré.
En revanche, on estime que les frais d’intérêts ont encore augmenté en 2023 en raison de la montée continue des taux d’intérêt, et d’autres augmentations sont attendues en 2024. Les récentes augmentations des frais d’intérêts ont commencé en 2022 alors que la Banque du Canada a relevé ses taux pour combattre l’inflation. R.4 -
Contexte :
• Le revenu net comptant (RNC) est la principale mesure utilisée par AAC pour évaluer les perspectives de revenu agricole à court terme pour le secteur. Il correspond à la différence entre toutes les recettes monétaires et les dépenses d’exploitation des agriculteurs. Il représente les liquidités générées par le secteur agricole qui sont disponibles pour le remboursement de la dette, l’investissement ou le retrait par les exploitants.
• Dans son communiqué du 29 mai 2024, Statistique Canada a estimé le revenu net de 2023 à 24,9 milliards de dollars (G$), en hausse de 11,3 % par rapport au record précédent de 22,3 G$ établi en 2022, et de 48,4 % par rapport à la moyenne quinquennale. La croissance des recettes monétaires agricoles (RMA) a été beaucoup plus modeste (4,4 % à 99,6 G$) en 2023 par rapport à 2022 (14,8 %) et 2021 (15,8 %), mais la croissance des dépenses des exploitations agricoles a été encore plus lente à 2,3 %, ce qui a fait augmenter le RNC en 2023.
• L’augmentation des RMA en 2023, qui comprend les recettes tirées des ventes de récoltes et d’animaux, ainsi que les paiements de programme, a été soutenue par les prix élevés des bovins et l’augmentation des volumes de récoltes commercialisées, ce qui a permis d’atténuer les effets négatifs de la baisse des prix mondiaux des récoltes, qui ont subi la pression causée par l’abondance de l’offre en 2023.
o Les recettes tirées des productions végétales ont augmenté de 3,1 % comparativement à l’année précédente pour atteindre 55,7 G$, principalement en raison de l’augmentation des recettes agricoles tirées du blé. Tout en restant supérieurs à la moyenne quinquennale, les prix des principaux céréales et oléagineux ont baissé d’une année sur l’autre en 2023, entraînant une diminution des recettes tirées de la plupart des productions végétales, malgré l’augmentation des volumes commercialisés. Toutefois, pour tous les types de blé, l’augmentation des volumes commercialisés a été suffisamment importante pour plus que compenser la baisse des prix, ce qui s’est traduit par une augmentation de 10,5 % des recettes agricoles, pour atteindre 12,5 G$ en 2023. La croissance des ventes en 2023 s’explique surtout par les stocks d’ouverture plus élevés suite à la reprise de la production en 2022, car la production des principales grandes cultures en 2023 a chuté de 8 % à 89,8 millions de tonnes (MT) par rapport à 2022, et de 2 % par rapport à la moyenne quinquennale précédente de 2018-2022 (91,9 MT), en raison de la sécheresse qui a touché de grandes parties de l’Ouest canadien.
o Les recettes tirées des productions animales ont augmenté de 9,8 % en 2023 comparativement à 2022, totalisant 37,3 G$, la principale contribution provenant du secteur bovin, bien que les productions sous gestion de l’offre (lait, volaille et œufs) aient également contribué. Les recettes tirées de la production bovine ont augmenté de 26,0 % pour atteindre 15 G$, due à l’augmentation importante des prix en raison de la réduction du cheptel nord-américain et de la forte demande. L’augmentation du coût des aliments du bétail et l’offre serrée attribuable aux conditions de sécheresse des dernières années, ont poussé les éleveurs à se départir de leurs animaux. La croissance des recettes des productions animales a été modérée par la baisse des recettes de la production porcine, lesquelles ont diminué de 10,3 % pour s’établir à 5,9 G$ en 2023 en raison de la baisse des prix par rapport à 2022. o Les paiements de programme pour 2023 sont estimés à 6,6 G$, ce qui représente une diminution de 10,3 % par rapport à 2022, car les conditions de croissance nettement meilleures dans l’Ouest canadien en 2022 ont réduit les paiements au titre d’Agri-protection en 2023, tandis que les paiements au titre d’Agri-stabilité et d’Agri-relance ont également diminué.
• Après de fortes augmentations en 2021 (+9,5 %) et 2022 (+19,4 %), les dépenses des exploitations agricoles n’ont augmenté que de 2,3 % en 2023 pour s’établir à 74,7 G$, en raison des baisses marquées des dépenses en carburant et en engrais grâce à l’amélioration de l’offre mondiale et au ralentissement de la demande, tandis que les dépenses en aliments commerciaux pour animaux sont restées stables. Les frais d’intérêts, qui ont commencé à augmenter en 2022, ont continué d’augmenter en 2023 suite aux taux d’intérêt élevés. On estime que les dépenses en achat d’animaux ont augmenté en raison des prix élevés des bovins. Les dépenses de main-d’œuvre ont encore augmenté de 3,8 %, car à la pénurie de main-d’œuvre s’ajoute l’augmentation du salaire minimum dans les provinces.
• Le 29 mai 2024, STC a publié des données préliminaires sur les RMA pour le premier trimestre de 2024. Selon ces données, les RMA ont chuté de 8,7 % au premier trimestre de 2024 comparativement à la même période en 2023, pour atteindre 24,9 G$, la forte réduction des recettes tirées des productions végétales ayant largement contrebalancé l’augmentation des recettes tirées des productions animales et des paiements de programme. Par rapport au même trimestre en 2023 :
o Les recettes tirées des productions végétales ont connu une importante baisse de 20,1 % pour s’établir à 13,2 G$ en 2023, principalement en raison d’une réduction de 28,1 % des recettes tirées des céréales due à l’effet combiné de la baisse des prix mondiaux et de la réduction des volumes commercialisés suite à la faible production de 2023. Les baisses des recettes tirées du canola (- 1,5 G$, soit - 30,6 %) et de tous les types de blé (- 1,1 G$, soit - 29,8 %) ont été les principales causes de ce recul.
o Les recettes tirées des productions animales ont augmenté de 8,1 % pour atteindre 9,6 G$ au premier trimestre de 2024, principalement en raison d’une forte augmentation de 20,5 % des recettes tirées de la production bovine, ainsi que des recettes légèrement plus élevées des productions sous gestion de l’offre (+0,8 %) qui ont plus que compensé les recettes de porcs plus faibles (-1,5 %).
o Les paiements de programme se sont élevés à 2,2 G$ et ont été 11,7 % au-dessus de leur niveau de 2023 pour la même période, les augmentations importantes des paiements des programmes Agri-protection, Agri-stabilité et Agri-investissement ayant été contrebalancées en grande partie par une forte réduction des autres paiements.
• Dans la publication d’AAC du revenu agricole de février qui était basé sur les conditions de décembre dernier, on prévoyait une baisse du RNC pour 2024. Depuis que ces prévisions ont été achevées, les perspectives du secteur agricole ont évolué, mais il n’est pas encore possible de dire dans quelle mesure les perspectives du revenu agricole changeraient. AAC continue de surveiller les conditions du marché et de croissance pour comprendre comment les perspectives économiques du secteur évolueront tout au long de l’année.
Renseignements supplémentaires :
• Un secteur agricole financièrement sain est important pour le bien-être économique du Canada.
• Malgré la baisse des prix mondiaux des récoltes, les prix élevés des bovins et l’accroissement du volume de récoltes commercialisées ont aidé à l’augmentation du revenu net comptant qui a atteint un niveau record en 2023 à 25 milliards de dollars (G$), soit une hausse de 11 %, , alors que la croissance des dépenses a été modeste.
• On s’attend à ce que les perspectives du revenu agricole de 2024 soient plus modérées en raison d’une baisse continue des prix des cultures et d’une légère augmentation soutenue des dépenses. Selon les dernières données, les recettes monétaires agricoles ont diminué de 9 % au premier trimestre de 2024 comparativement à la même période en 2023. Néanmoins, la situation financière des exploitations agricoles devrait demeurer solide.
• Les perspectives pour 2024 sont marquées par plusieurs risques, dont l’imprévisibilité des conditions météorologiques liée au changement climatique, les conflits géopolitiques actuels dans la mer Noire et le Moyen-Orient, l’incertitude générale concernant la croissance économique et l’inflation, et la menace persistante de peste porcine africaine et d’autres maladies animales. • Les gouvernements fédéral et provinciaux continueront à soutenir le secteur agricole au moyen de programmes de gestion des risques de l’entreprise pour aider les producteurs à gérer les risques.