Note pour la période des questions : ÉTAT DU REVENU AGRICOLE EN 2024 ET 2025
About
- Numéro de référence :
- AAFC-2025-QP-00084
- Date fournie :
- 18 juin 2025
- Organisation :
- Agriculture et Agroalimentaire Canada
- Nom du ministre :
- MacDonald, Heath (L’hon.)
- Titre du ministre :
- Ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire
Enjeu ou question :
Q1 – De quelle manière s’attend-on à ce que les récents changements dans les politiques commerciales des États-Unis et de la Chine se répercutent sur la situation économique des producteurs en 2025? Q2 – De nombreux agriculteurs ont constaté de fortes augmentations des dépenses au cours des dernières années. Quelles répercussions cela a-t-il eues sur leurs résultats financiers? Q3 – Quelles dépenses ont le plus augmenté ces dernières années? Q4 – Quelles sont les répercussions des récentes conditions météorologiques et climatiques sur la stabilité économique des agriculteurs en 2025? Q5 — Que fait le gouvernement pour venir en aide aux agriculteurs pendant cette période difficile?
Réponse suggérée :
R.1 - Il est probable que l’augmentation des droits de douane ait un impact négatif sur les exportations, en faisant pression sur les prix, et qu’elle perturbe davantage les chaînes d’approvisionnement mondiales, ce qui ferait augmenter les coûts de production. Dans l’ensemble, l’évolution de l’environnement commercial devrait accroître l’incertitude générale pour les producteurs.
Il existe par ailleurs d’autres sources d’incertitude, dont les conditions de croissance de la prochaine saison et la persistance des conflits géopolitiques qui, combinées à des changements défavorables dans les politiques commerciales, pourraient faire augmenter les prix mondiaux des produits de base et nuire à la régularité de la croissance économique mondiale et à la demande. Les pressions inflationnistes qui en découlent pourraient également faire augmenter le coût des intrants agricoles. R.2 - En général, le revenu global est demeuré élevé au cours des dernières années, car l’augmentation des prix mondiaux des cultures en 2021 et 2022 ainsi que la hausse des mises en marché des cultures et les prix élevés du bétail en 2023 ont contribué à compenser le coût élevé des intrants. Dans l’ensemble, la croissance des dépenses en 2024 a été beaucoup plus modérée, n'augmentant que de 2,4 %, mais les revenus ont diminué en raison de la baisse continue des recettes tirées de la vente des grains. Toutefois, l’augmentation des revenus entre 2020 et 2023 place la plupart des exploitations dans une excellente situation financière qui leur permet de surmonter une période de baisse des prix et des revenus.
Bien que la situation financière globale soit forte, les répercussions économiques de ces changements varient d’un secteur ou d’une région à l’autre, et la situation peut être différente pour de nombreux producteurs. R.3 - Le prix du combustible, des engrais et des aliments pour animaux ont connu des augmentations considérables en 2021 et en 2022, alors que l’économie se rétablissait de la pandémie, sans compter la hausse de l’inflation à l’échelle mondiale. Par la suite, la guerre de la Russie contre l’Ukraine a perturbé davantage les marchés mondiaux des produits de base. Ces dépenses ont été modérées en 2023 et sont généralement à la baisse depuis.
Les frais d’intérêts ont également augmenté en 2022 alors que la Banque du Canada a relevé ses taux pour combattre l’inflation et ont encore augmenté en 2023 et 2024. Les achats de bétail ont également augmenté ces dernières années en raison de la hausse du prix des animaux. R.4 - D’après les résultats de l’Enquête sur les grandes cultures réalisée en novembre par Statistique Canada, on estime que la production de toutes les principales grandes cultures a augmenté de 2,7 % en 2024-2025 par rapport à l’année précédente, ce qui représente une augmentation de 3,3 % par rapport à la moyenne des cinq années précédentes, malgré des conditions très sèches au début de la saison de croissance dans l’Ouest canadien. Bien que la taille globale des cultures ait progressé en 2024, nous sommes conscients que les producteurs de certaines régions ont peut-être dû composer encore avec des conditions de croissance difficiles et une instabilité météorologique. R.5 - Les gouvernements fédéral et provinciaux continuent de fournir un soutien aux producteurs par l’entremise des programmes de gestion des risques de l’entreprise (p. ex., sécheresse, inondations, baisses du marché et augmentation des coûts des intrants). Les producteurs peuvent également compter sur des programmes comme le Programme de paiements anticipés, Solutions agricoles pour le climat — Fonds d’action à la ferme pour le climat, le Programme de paysages agricoles résilients, le Programme d’investissement à la ferme pour la volaille et les œufs, le Programme des technologies propres en agriculture ainsi que d’autres programmes de subventions et contributions.
Contexte :
Le revenu net comptant est la principale mesure utilisée par AAC pour évaluer les perspectives à court terme du revenu des exploitations agricoles du secteur. C’est la différence entre les recettes et les dépenses d’exploitation. Il représente les liquidités générées par le secteur agricole qui sont disponibles pour le remboursement de la dette, l’investissement ou le retrait par les exploitants. Le 28 mai 2025, Statistique Canada (StatCan) a annoncé que le revenu net comptant en 2024 s’élevait à 19,7 milliards de dollars (B), en baisse de 14,9 % par rapport au niveau record de 23,1 milliards de dollars atteint en 2023. Voici les principaux facteurs à l’origine de ce changement :
Le total des recettes monétaires agricoles (RMA), qui comprend les recettes des productions végétales, les recettes des productions animales et les paiements de programme, a diminué de 1,6 %. Le total des recettes des productions végétales a diminué de 6,2 % (-3,5 milliards de dollars), principalement en raison de la baisse des prix de la plupart des grandes cultures céréalières et oléagineuses.
Plus de la moitié de cette baisse peut être attribuée à la diminution des recettes tirées de la vente du blé (à l’exclusion du blé dur), dont les prix ont chuté de 20,4 %. Il s’agit de la première baisse des recettes des productions végétales depuis 2014. Les recettes des productions animales ont augmenté de 6,9 % (+2,6 milliards de dollars) en 2024, principalement en raison de la vigueur des prix des bovins, qui ont progressé de 13,1 % par rapport à 2023 grâce à une forte demande et à une offre plus restreinte.
La baisse des paiements de programme (-10,8 %) a également contribué à la diminution des RMA en 2024. Cette diminution s’explique par les baisses des paiements d’assurance-récolte, des paiements de stabilisation au Québec et des paiements directs pour les producteurs laitiers, qui ont compensé la hausse des paiements du programme Agri-stabilité.
Les dépenses d’exploitation de 2024 ont augmenté légèrement de 2,4 % pour atteindre 78,3 milliards de dollars, principalement en raison de la hausse des frais d’intérêt (+28,6 %), qui a compensé la baisse des dépenses liées aux aliments pour animaux et aux engrais. L’augmentation des achats de bétail et la hausse des coûts de main-d’œuvre ont également contribué à cette hausse. Il s’agit de la plus faible augmentation des dépenses depuis 2016 (+1,2 %).
Les perspectives pour 2025 sont encore très incertaines. Les précédentes prévisions du revenu agricole de 2025, publiées par AAC en février 2025 et fondées sur les conditions et les données de décembre 2024, prévoyaient une baisse de 15 % du revenu net comptant en 2025. Ces prévisions ne sont plus d’actualité, mais les attentes générales fondées sur les dernières données suggèrent que le revenu agricole devrait encore baisser en 2025, même si les recettes ont augmenté au premier trimestre. D’après les données issues de la même publication de données de StatCan datée du 28 mai 2025, les RMA ont augmenté de 3,1 % au premier trimestre de 2025 pour atteindre 25,6 milliards de dollars. Ces gains sont entièrement attribuables à une hausse de 14 % des recettes des productions animales, car les recettes des productions végétales sont restées stables (-0,1 %), tandis que les paiements de programme ont diminué de 25,2 % pour s’établir à 1,6 milliard de dollars en raison de la baisse des paiements d’assurance-récolte. La forte hausse des recettes tirées de la vente des bovins (+21,3 %) et des porcs (+20,9 %) a été le principal facteur à l’origine de l’augmentation des recettes des productions animales.
Les droits de douane américains et chinois imposés récemment et le résultat de l’enquête antidumping menée par la Chine sur le canola représentent une source d’incertitude importante pour le secteur agricole en 2025. La mesure dans laquelle ils pourraient avoir une incidence sur la situation du revenu agricole pour 2025 demeure très incertaine, car il est impossible de savoir comment ces situations évolueront, bien qu’on s’attende à ce qu’elles aient un effet négatif sur le revenu agricole.
Renseignements supplémentaires :
• Il est essentiel pour le bien-être économique du Canada que le secteur agricole soit dans une bonne situation financière.
• Comme les prix mondiaux des cultures ont continué de chuter par rapport aux sommets récemment atteints, le revenu net comptant a diminué en 2024 pour s’établir à 19,7 milliards de dollars. Cela dit, il est demeuré supérieur à la moyenne des cinq années précédentes.
• Les répercussions de l’évolution des conditions économiques varient d’un producteur à l’autre. Par exemple, bien que les prix des céréales soient à la baisse, ceux des bovins sont demeurés très élevés au cours des dernières années.
• La situation commerciale actuelle cause beaucoup d’incertitude auprès des producteurs pour 2025. Le gouvernement s’engage à travailler avec ses partenaires commerciaux pour maintenir l’accès aux marchés des produits agricoles et soutenir les producteurs.